Voies de recherche

La sclérose en plaques (SEP) est une maladie complexe et multifactorielle. Il est indispensable de faire progresser la recherche fondamentale et clinique pour trouver des traitements innovants et pour soulager les malades.
 

La recherche fondamentale fait appel à plusieurs spécialités :

 

L’Imagerie par résonnance magnétique (IRM) permet d’apprécier la composition biochimique des tissus cérébraux normaux et pathologiques
Cette technique a révolutionné les possibilités de diagnostic de la maladie, en visualisant les lésions dans le cerveau et dans la moelle épinière, en précisant leur caractère inflammatoire, en montrant un dysfonctionnement ou une perte neuronale. En complément de l’IRM conventionnelle, de nombreuses méthodes d’IRM plus sophistiquées se développent activement, permettant d’évaluer de façon beaucoup plus précise les anomalies du tissu nerveux, d'estimer la remyélinisation ou encore de visualiser les zones aux activités "biochimiques" différentes.
Ces nouveaux outils IRM sont d’une importance capitale pour l’évaluation de l’efficacité des nouveaux traitements.

 

La SEP n’est pas une maladie génétique, mais une maladie acquise, c'est-à-dire qui se développe après exposition à l’environnement. Elle est aussi sporadique, ce qui signifie que le plus souvent il n’existe pas d’autres cas dans la famille du patient. Cependant, l'étude des gènes et de leur rôle dans la SEP se justifie amplement.
En effet, plusieurs gènes de prédisposition à la maladie ont été identifiés. Ces gènes possèdent des formes particulières qui favorisent la survenue de la maladie lorsque la personne est exposée à certains facteurs environnementaux. La majorité d'entre eux intervient dans la régulation de la réponse immunitaire. Cette prédisposition génétique résulte de l’association de plusieurs variants génétiques, chacun d’entre eux pris individuellement ayant un faible effet sur le risque de développer la maladie.
De même, plusieurs études ont montré que certains gènes influencent la réponse à un traitement. Il s'agit de la pharmacogénétique.
Ce domaine est actuellement en grand développement car il permettrait d'adapter les traitements thérapeutiques selon des critères mesurés directement à partir du génome.

 

L'immunologie désigne la partie de la biologie consacrée au système immunitaire qui permet à un organisme de lutter contre les agents infectieux tels que les virus ou les bactéries.
La neuroimmunologie s’intéresse plus particulièrement à l’étude des réponses immunitaires et inflammatoires dans le système nerveux central chez le sujet normal et malade.
Des progrès significatifs dans ce domaine ouvrent des pistes dans la compréhension du développement de la SEP et suggèrent de nouvelles stratégies thérapeutiques. L’étude de la réaction inflammatoire dans le sang et dans le système nerveux central des patients atteints de SEP fait apparaître que les responsables des lésions de la myéline sont multiples : lymphocytes (cellules de l’immunité), anticorps, molécules sécrétées (cytokines). Tous concourent à la formation des plaques de démyélinisation observées dans la SEP. Le rôle de chacun de ces acteurs commence à être précisé. Il apparaît notamment que certains lymphocytes ont un rôle agressif alors que d’autres, au contraire, ont un rôle régulateur limitant le processus inflammatoire. Comprendre ces différentes étapes du processus inflammatoire est d’une importance majeure pour ouvrir de nouvelles perspectives thérapeutiques innovantes.

Récemment, plusieurs équipes de recherche se sont intéressées à l'ensemble des micro-organismes (bactéries, levures, champignons, virus) présents dans l’intestin, appelé microbiote intestinal, chez des patients atteints de SEP et des sujets normaux. Leurs observations suggèrent que les différences observées dans la composition du microbiote intestinal pourraient contribuer à l’inflammation et à la régulation du système immunitaire dans le système nerveux central.

 

La neurobiologie : la destruction de la gaine de myéline entraine la mort des neurones et les handicaps permanents. Comprendre comment réparer cette gaine est l’enjeu des chercheurs. Plusieurs voies d’action sont à l’étude, greffes de cellules, activation des cellules déjà présentes. Toutes ces thérapeutiques potentielles sont encore expérimentales.
La neurobiologie est une vaste discipline consacrée à l’étude du système nerveux, central ou périphérique. Dans le cadre de la SEP, la neurobiologie porte sur l'étude des mécanismes qui provoquent une atteinte du tissu cérébral, qu'il s'agisse de démyélinisation ou de dégénérescence axonale, et à ceux qui favorisent la réparation des lésions du tissu cérébral, qu’il s’agisse de stratégies thérapeutiques de protection axonale et/ou de remyélinisation.

L'atteinte du tissu cérébral est provoquée par l’infiltration anormale de cellules immunitaires à travers la paroi des vaisseaux sanguins cérébraux (qui constituent la barrière hémato-encéphalique qui protège le cerveau) et leur entrée dans le système nerveux central. Comprendre comment les cellules immunitaires parviennent à franchir la barrière hémato-encéphalique est un enjeu majeur. En effet, ces cellules immunitaires endommagent la gaine de myéline des neurones, ce qui entraine une souffrance de l’axone: démyélinisé celui-ci sera beaucoup plus vulnérable à une attaque inflammatoire provoquant sa dégradation. Actuellement, de nombreuses recherches sont en cours pour identifier des agents, naturels ou pharmacologiques, capables de protéger les axones.
La réparation des lésions de la myéline peut se faire spontanément chez la personne malade (voie endogène) après une attaque inflammatoire, mais malheureusement avec une efficacité insuffisante. En effet, il existe des oligodendrocytes (cellules qui fabriquent la myéline) immatures présents dans le cerveau adulte qui sont capables de se différencier et de produire de la myéline pour réparer celle qui a été lésée. Ainsi, des recherches sont engagées afin d'étudier quels sont les facteurs de croissance qui peuvent, soit favoriser la multiplication des oligodendrocytes, soit les stimuler pour produire davantage de myéline. Il a été établi depuis quelques années dans des modèles animaux de la SEP que la réparation de la myéline peut aussi se faire par le biais de la greffe de cellules susceptibles de remyéliniser l’axone (voie exogène). L’objectif de ces greffes est de recréer des oligodendrocytes producteurs de myéline dans les lésions, en injectant des cellules souches. Cependant, cette approche prometteuse se heurte encore actuellement à des limites techniques et éthiques. En effet, il est nécessaire de guider les cellules greffées vers les sites de lésion et de contrôler strictement leur développement (en empêchant notamment toute transformation tumorale des cellules souches greffées).
Ainsi de nombreuses études sont en cours au niveau préclinique, mais actuellement aucune thérapie par cellules souches n'a été validée dans la SEP.

L'épidémiologie porte sur des populations de patients : elle étudie la fréquence de la maladie (l'incidence), son évolution clinique, sa répartition géographique et dans la société (le sex-ratio, l'ethnie, la classe socioprofessionnelle...), les facteurs de risque de l’environnement (le climat, les virus, les maladies infantiles, le tabac, l'obésité...), son coût, le devenir professionnel des personnes malades, les décès liés à cette maladie, ...
Ces données sont indispensables pour une prise en charge adaptée des personnes atteintes de Sclérose en Plaques.

 

Virologie : une origine infectieuse de la Sclérose en Plaques a longtemps été suspectée. Celle-ci aurait pu expliquer le dérèglement du système immunitaire qui se mettrait à attaquer les gaines de myéline plutôt que les agents pathogènes. Même s’il n'existe pas d’évidence à ce jour qu’un virus particulier soit responsable de la maladie, des études récentes suggèrent que le virus Epstein-Barr (abréviation : EBV) qui est responsable de la mononucléose infectieuse, pourrait être impliqué dans la pathogenèse de la sclérose en plaques.
De plus, quelques études semblent indiquer qu'un rétrovirus endogène (propre à l'individu car il est intégré dans son patrimoine génétique) pourrait également être impliqué dans la sclérose en plaques : des travaux récents suggèrent en effet qu’une protéine rétrovirale (la protéine d’enveloppe) pourrait activer une cascade pro-inflammatoire.

 

La recherche préclinique et clinique se base sur les résultats de la recherche fondamentale pour :

 

La sclérose en plaques garde encore des mystères plus de 140 ans après sa description par Jean Martin Charcot, neurologue à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière à Paris. Mais des progrès spectaculaires ont été réalisés à la fois pour le diagnostic et la prise en charge, dans les traitements, la visualisation des lésions, la compréhension des mécanismes qui aboutissent à la démyélinisation et à la souffrance des neurones, et dans l’émergence de nouvelles stratégies thérapeutiques. Il reste encore de nombreux champs à explorer !

Dernière mise à jour : 11/10/2024
Appelée SEP ou multiple sclerosis en anglais, la sclérose en plaques est une maladie neurologique qui détruit la gaine de myéline. Qu’elle soit de forme rémittente (à poussées) ou de forme progressive, il n’existe à ce jour aucun traitement curatif de cette affection. La Fondation œuvre depuis 1969 avec ses bénévoles, aux côtés des facultés, de l’INSERM, du CNRS et de différents instituts de recherche médicale, dont l’ICM et Pasteur.